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les drames du nouveau-monde



Canada, afin de ne plus rencontrer ce visage pâle.

— Il vous a poursuivie, je parie ?…

— Oh ! il a longtemps marché sur ma piste, comme sur celle du gibier qui doit mourir… fit l’Indienne avec un tressaillement significatif. – Mais il l’a perdue.

— Alors, vous vivez maintenant au Canada ?

— Oui, c’est là que je suis née : je vais au Détroit visiter une famille de Faces-Pâles qui sont mes amis ; ensuite je retournerai dans ma tribu pour ne plus la quitter.

Basil la contempla pendant quelques secondes avec une tendresse profonde ; il voulut parler mais ne pût trouver que cette phrase :

— Vous parlez l’Anglais mieux que moi, assurément.

— C’est que je suis allée souvent aux missions et aux settlements. Il n’y a eu qu’un seul moment où je l’ai oublié, ajouta-t-elle avec un sourire, c’est la première fois que je vous ai rencontré.

Un nouveau silence plus embarrassant recommença : tout à coup Basil prit un parti désespéré, et d’une voix tremblante il demanda à la jeune fille :