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les drames du nouveau-monde

Par moments ils s’oubliaient dans une rêveuse contemplation de leur feu dont l’activité croissait avec la fureur de l’ouragan. Sur leurs têtes se balançaient mélancoliquement les gigantesques branches chargées de neige, déversant par intervalles de petites avalanches qui roulaient jusque dans le brasier.

— Encore un redoublement de neige ! remarqua Johnson après avoir vainement essayé de sonder les ténèbres du regard. Encore quelques heures comme cela, et nous ne pourrons plus regagner le fort.

— Je ne m’étonnerais point qu’elle tombât sans discontinuer tout le jour : la tempête a commencé d’une façon régulière, elle durera longtemps. Vous souvenez-vous de la tourmente qui eut lieu à Noël de l’année dernière ? Il neigea sans relâche pendant toute une semaine ? fit Veghte d’un ton interrogateur.

— « Oui, oui je m’en souviendrai tant que je vivrai. J’étais à une douzaine de milles du fort Sandusky lorsque ça commença, et j’étais un peu indécis sur la direction que je prendrais. Je me décidai à faire un tour de chasse, et, dans