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les forestiers du michigan

— Dieu me bénisse ! s’écria-t-il ; vous avez pu croire que je voudrais faire du mal à une pauvre infortunée créature comme vous ! N’avezvous pas compris que je plaisantais ?

La jeune fille fit un brusque mouvement pour repousser le forestier ; une expression d’embarras courroucé se peignit sur son visage, comme pour réprimander Basil de cette familiarité irréfléchie.

Il se trouva tout interdit, la replaça auprès du feu, et impressionné par la fixité étrange de ces yeux plus noirs, plus sombres que la nuit, il se prit à souhaiter d’être à cent lieues de là, au fond de quelque épaisse forêt, bien loin de cette fille extraordinaire.

Tout à coup elle lui dit avec une énergie soudaine qui le fit tressaillir :

— Allez vous-en !

La surprise de Veghte fut telle qu’il ne put répondre tout d’abord.

– M’en aller ! répliqua-t-il enfin : et pourquoi ?… vous voulez donc que je vous abandonne ?

— Allez vous-en, répéta-t-elle avec une énergie croissante.