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les drames du nouveau-monde



de nature à exercer laborieusement l’imagination inquiète du pauvre forestier. Toutefois, ce labeur intellectuel ne lui déplaisait pas ; il faisait une utile diversion à la fatigue corporelle ; le temps et l’espace s’écoulaient plus inaperçus.

Tout à coup se présenta un obstacle considérable : c’était un cours d’eau rapide, profond et large. Au bruit de ses vagues tumultueuses et indisciplinées Basil s’arrêta :

— Qui sait si nous allons pouvoir le traverser ? fit-il en se retournant vers Horace ; quoiqu’il n’ait pas fait chaud cette semaine, il n’est pas sûr que le ruisseau soit couvert de glace.

— C’est possible, répondit Johnson d’un air désappointé et dans ce cas que faudra-t-il faire ?

— Ce n’est pas tout encore, vous allez voir, reprit Basil. Il est probable que les bords seront pris, le milieu sera dégagé de glace, et le courant n’en sera que plus inabordable, car il n’y aura pas moyen de naviguer au milieu des glaçons tranchants comme des rasoirs. Dans ce cas nous n’aurons d’autre ressource que de faire comme notre grand Georges Washington en pareille circonstance.