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les forestiers du michigan



feu : mais ce fut inutilement, son fusil vacillait entre ses mains, soit parce que ses mains tremblaient de terreur, soit parce que l’agitation de la barque sur les flots se communiquait à tout ce qu’elle contenait. La balle alla soulever la neige fort loin du but. Cette maladresse fut accueillie par de nouvelles clameurs à la fois menaçantes et dérisoires.

Veghte perdit patience ; il arracha le fusil à Johnson, lui jeta dédaigneusement l’aviron :

— Essayez si vous serez moins maladroit à ramer, lui dit-il ; je vois bien que vous n’entendez rien au maniement du fusil.

Horace saisit la rame d’un air contrit et s’en servit avec une telle ardeur qu’au premier coup il faillit la rompre ; au second la barque fut sur le point de sombrer.

Veghte lança un regard qui ne présageait rien de bon :

– Encore une maladresse de ce genre, lui dit-il, je vous casse la tête comme à un chien, et je vous jette aux poissons.

Horace se modéra et fit marcher le canot convenablement ; mais il était écrit que cette néfaste