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les drames du nouveau-monde

Veghte, suivant son invariable habitude fumait démesurément, armé d’une énorme pipe en racine de bruyère : lorsqu’il voulait gesticuler, il retirait invariablement sa pipe de sa bouche et la faisait participer à la pantomime qu’exécutait sa main.

Christie ne relevait guère les yeux ; seulement, lorsqu’il était parvenu à hisser sur le bout de son pied un caillou convenable, il le suivait du regard après l’avoir lancé le plus loin possible.

Au contraire les yeux du Forestier étaient dans un mouvement perpétuel sur le lac, sur les collines, sur les bois, devant, derrière, sur les côtés, ils étaient partout. Cette mobilité cauteleuse du regard, devenue une seconde nature, est le type caractéristique du Frontiersman ; sa vie aventureuse l’a accoutumé à une vigilance forcée, permanente, infatigable.

— Oui… dit Christie, répondant après un long silence à une observation que lui avait faite son compagnon, je ne tire pas bon augure de cette tranquillité affectée des Indiens. Ils se sont éloignés du fort ostensiblement, pendant la journée,