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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

— Enfin, une dernière recommandation : lorsque nous serons sur la piste, il faudra marcher sans bruit, sans dire un seul mot lorsque nous serons proches du gîte, pas un souffle ! pas un murmure ! sur votre vie ! si vous apercevez l’animal ; pas un signe de main ! un silence d’ombre ! car le mâle broute la tête haute, l’oreille tendue, lorsque sa femelle et ses petits sont avec lui ; il est toujours sur le qui vive, écoutant, broutant, écoutant encore, et saisissant avec une prodigieuse finesse le moindre son qui surgit au loin. J’en ai vu que le craquement de la raquette faisait fuir comme le vent, à plusieurs milles de distance.

— J’en ai perdu un, une fois…, un énorme ! dit le Brigadier, au bruit qu’a fait un glaçon en tombant ; il est parti comme une sauvage créature au moment où, le doigt sur la détente, j’allais lâcher mon coup.

— Notez bien, continua Burleigh, que le moose se gîte toujours sur le versant méridional des montagnes ; par ce moyen vous saurez prendre le dessous du vent en marchant sur lui.

— Le dessous du vent… que diable est-ce ça ? demanda Luther.