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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

dresser les cheveux sur la tête : voyez-vous, du côté du bois… non, non, pas là, plus loin, où on aperçoit une sorte de clairière ?

— Oui, je vois maintenant : qu’est-ce que c’est ?

— Un pas accéléré jusque-là ! voulez-vous ?

— Vous ressemblez à ces héros de la Bible, qui à l’âge de soixante-dix ans avaient conservé leur vigueur de jeunesse, dit le jeune homme en s’évertuant à suivre le Brigadier qui marchait à pas de géant. Je ne connais pas un coureur qui voulût se charger de vous tenir pied.

— En vérité, Ned ? non ! mes jambes sont rouillées…

— Il n’y paraît guère… vous êtes un homme d’or… ça ne rouille pas.

— Allons, Ned, marchons ! ce n’est pas là notre affaire pour le moment.

— En avant ! mais je tiens à dire que vous me faites croire au Juif-Errant.

Arrivé à la clairière, le vieillard ôta son chapeau, et appela vivement, par signes, les retardataires.

— Regardez, mes enfants, leur dit-il à voix