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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

était proche ; le Brigadier et les deux Frazier avaient une faim de tigres, ils firent un bref et sobre repas : du porc grillé, du biscuit de Medford, une goutte de rhum dans de la glace fondue ; tout fut expédié en quelques minutes.

Ils se dirigèrent ensuite silencieusement vers l’endroit où ils avaient aperçu Burleigh en dernier lieu, mais il avait disparu comme une ombre. Les jeunes gens se disposaient à l’appeler pour l’inviter à déjeuner. Le Brigadier les arrêta vivement, et pas un mot ne fut prononcé.

Tout à coup un souffle de vent leur apporta un bruit lointain ressemblant à celui que produit la cognée du bucheron froissant l’écorce d’un arbre. Après avoir prêté une oreille attentive, le Brigadier quitta ses raquettes et s’élança dans la direction du bruit, glissant silencieusement au travers des branches, rampant parfois, avançant avec une vitesse prodigieuse. Les deux Frazier le suivirent de leur mieux, avec beaucoup de peine.

Le bruit se rapprochait et devenait plus fort à chaque bouffée de vent ; bientôt on ne put douter que ce fut un moose qui broutait l’écorce des arbres ; seulement, la direction n’était pas facile à déterminer. Le Brigadier suivit la piste de