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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

adversaire qu’en se voyant attaqué, pour protéger sa propre vie. N’avait-on pas entendu d’abord deux fusils ?… c’était la provocation de Ned !… puis, un coup de carabine ?… c’était la riposte de Burleigh défendant son existence !…

Des semaines, des mois se passèrent : Burleigh ne reparut pas. En attendant, la médisance et la calomnie allaient leur train : la mort de Ned, le crime de Burleigh étaient racontés par toutes les bouches avec des variantes et des exagérations effroyables. La famille Frazier s’en mêla, demanda justice, cria vengeance contre Burleigh.

À la fin, l’autorité supérieure s’en émut, et un beau jour, ou plutôt un triste jour, un mandat de justice fut lancé, ordonnant « l’arrestation d’Ira Burleigh prévenu de meurtre sur la personne d’Édouard Frazier. » Le même mandat, contenant son signalement et celui de son cheval, fut envoyé jusque dans le comté de Vermont où Burleigh avait été aperçu en dernier lieu.

Le désolé Brigadier, ses devoirs accomplis, se tenait mélancoliquement renfermé chez lui ; et depuis cette ténébreuse affaire la ferme de Blaisdell était devenue triste et silencieuse.