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LES PIEDS FOURCHUS

sion de sa voix vibrante parut troubler la jeune femme, car elle se détourna vers une fenêtre pour cacher son visage au lecteur.

L’écriture était griffonnée, le style décousu, le début abrupte ; tout dénotait une précipitation extréme chez l’auteur de ce billet, ainsi conçu :

« Très Chérie. — Un mot seulement : je remets en vos mains la conduite de toute l’affaire. Si vous n’êtes point encore mariée avec ce Burleigh, au reçu de la présente, je vous prie de me faire savoir votre résolution suprême. Le reste me regarde.

« Le vieux chasseur de Rennes sera pour moi, car il était l’ami de mon père et de mon grand-père : quand il m’aura vu, (ce qui aura lieu bientôt), son assistance ne me fera pas défaut.

« Je vous répète, très chérie, ce que je vous ai dit souvent déjà ; il m’est impossible de vivre sans vous, cela ne sera pas. J’ai trop souffert, trop attendu : malheur à l’homme qui s’interpose entre nous, ma patience est à bout. Aimez moi bien, ma chérie, et espérez. À vous pour la vie. — Ce 26 Févr. — E. O. F. »

Cette lecture finie, le jeune homme tendit le papier à Lucy en lui disant :