Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être obligé d’exercer sur des hommes pour lesquels tout frein, quelque léger qu’il fût, était insupportable, et qui ne se courbaient qu’en frémissant sous la volonté du comte, pour lequel ils éprouvaient un respect mélangé de crainte.

Cependant, contre ses espérances et peut-être contre ses prévisions, Charles de Laville parvint en peu de temps, avec une extrême facilité, non-seulement à se faire obéir sans murmurer par ses compagnons, mais encore à s’en faire aimer.

Ce fut grâce à cette influence, qu’il avait su prendre sur les colons, que, lorsque les débris de l’expédition arrivèrent à Guetzalli, il parvint à rétablir un peu d’ordre dans la colonie, à relever le courage de ses compagnons et à prendre des mesures de défense pour le cas probable d’une attaque des Apaches.

Il donna à la première effervescence de la douleur le temps de se calmer ; il laissa tomber la colère exagérée des uns et les craintes non moins exagérées des autres ; puis, lorsqu’il reconnut que, à part le profond découragement qui s’était emparé de tous et leur faisait désirer une prompte retraite, les esprits commençaient cependant à reprendre leur lucidité ordinaire, il convoqua les colons en assemblée générale.

Ceux-ci obéirent avec empressement et se réunirent dans la vaste cour qui précédait le corps de logis principal de l’ancienne habitation du comte.

Lorsque de Laville se fut assuré que tous les colons étaient rassemblés et attendaient avec anxiété les communications qu’il avait à leur faire, il réclama quelques minutes d’attention et prit la parole :