Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/111

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haute voix par moi, sera immédiatement jurée par tous ; jurez-vous de votre côté de nous protéger, de nous défendre et de nous donner bonne et loyale justice envers et contre tous ?

Le jeune homme se découvrit, étendit le bras vers la foule, et d’une voix ferme :

— Je le jure ! dit-il.

— Vive le capitaine ! s’écrièrent les colons avec enthousiasme ; la charte-partie ! la charte-partie !

La lecture commença.

Après chaque article, les colons répondaient d’une seule voix :

— Je le jure !

Il y avait quelque chose d’imposant dans l’aspect de cette scène ; ces hommes aux traits énergiques, aux visages bronzés, réunis ainsi au milieu de ce désert, entourés de cette nature grandiose, jurant à la face du ciel dévoûment et obéissance sans bornes, rappelaient à s’y méprendre les fameux flibustiers du seizième siècle, se préparant à tenter une de leurs audacieuses expéditions et jurant la charte-partie entre les mains de Montbars l’exterminateur, ou tout autre chef renommé de l’île de la Tortue.

Après que la lecture fut achevée, une nouvelle explosion de cris vint clore cette cérémonie si simple de l’élection d’un chef d’aventuriers dans les déserts du nouveau monde.

Cette fois, par hasard peut-être, le choix de tous était tombé sur le plus digne.

Charles de Laville était bien réellement le seul homme capable de réparer les désastres de la dernière expédition et de faire rentrer la colonie dans