Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/16

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ment ; je ne soupçonne pas, je suis inquiet, voilà tout. Ainsi que toi, j’ai pour le chef une trop vive et trop sincère amitié pour ne pas redouter un malheur.

— Curumilla est prudent, nul n’est autant que lui au fait des ruses indiennes ; s’il ne revient pas, c’est qu’il a pour cela des raisons importantes, sois-en en sûr.

— J’en suis convaincu ; mais le retard que cette absence nous cause peut nous devenir préjudiciable.

— Qu’en sais-tu, frère ? Peut-être notre salut dépend-il de cette absence elle-même. Crois-moi, Louis, je connais beaucoup mieux que toi Curumilla, j’ai trop longtemps dormi côte à côte avec lui pour ne pas avoir en lui la plus grande confiance. Ainsi, tu le vois, j’attends patiemment son retour.

— Mais s’il est tombé dans un piége, s’il a été tué ?

Valentin regarda son frère de lait avec une expression indéfinissable ; puis il répondit en haussant les épaules d’un air de suprême dédain :

— Tombé dans un piége, lui ! Curumilla, mort ! allons donc ! tu plaisantes, frère. Tu sais bien que cela n’est pas possible.

Louis ne trouva rien à objecter à cette assurance si franchement naïve.

— Enfin ! reprit-il au bout d’un instant, toujours est-il qu’il se fait bien attendre.

— Pourquoi donc ? Qu’avons-nous besoin de lui en ce moment ? Tu n’as pas l’intention de quitter ce campement, n’est-ce pas ? Eh bien, qu’est-ce que cela fait qu’il arrive une heure plus tôt ou plus tard ?

Louis fit un geste de mauvaise humeur, se roula