Aller au contenu

Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les approches et empêchaient toute tentative de surprise.

Dans l’intérieur du camp régnait la plus grande activité : les forges de campagne fumaient et retentissaient sous les coups pressés des forgerons ; plus loin, les charpentiers débitaient des arbres entiers ; les armuriers visitaient et réparaient les armes ; enfin, chacun travaillait avec ardeur à tout mettre en état dans le plus bref délai.

Le comte et Curumiila, précédés par Valentin, traversèrent rapidement le camp, accueillis à leur passage par les saluts affectueux des aventuriers, heureux de les savoir de retour.

Comme ils approchaient du quartier général, les sons criards d’un jarabé auquel se mêlaient les accents mélancoliques d’une voix qui chantait la romance del rey Rodrigo frappèrent leurs oreilles.

— Peut-être vaudrait-il mieux, avant d’aller plus loin, dit le comte, demander quelques renseignements à don Cornelio.

— Oui, d’autant plus qu’il serait fort difficile, pour ne pas dire impossible, de les obtenir de Curumilla.

— C’est vers lui que je vais, répondit celui-ci, qui avait entendu les quelques mots échangés entre les deux amis.

— Alors, tout est pour le mieux, fit Valentin en souriant.

Curumilla obliqua un peu sur la gauche, et guida les deux hommes vers un jacal de feuillage qui servait d’habitation à l’Espagnol, et devant lequel le noble hidalgo se tenait en ce moment, assis sur un équipal, raclant avec fureur sa jarana, et psalmo-