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Cette scène avait été tellement rapide, la fuite de l’Indien tellement silencieuse, que le comte fut sur le point de la prendre pour une hallucination ; mais tout à coup le cri du hibou, répété à deux reprises différentes, s’éleva dans l’air.

Ce signal était depuis longtemps convenu entre Valentin et le comte ; il comprit que Curumilla, tout en l’avertissant qu’il était en sûreté, lui adressait de loin une dernière recommandation de prudence ; il hocha tristement la tête et rentra tout pensif dans la tente en murmurant à voix basse :

— Encore une trahison !


XIV

Le Combat de coqs.

En marchant sur la Magdalena, le comte de Prébois-Crancé avait un double but : d’abord, celui de s’aboucher avec les riches hacienderos et les alcades des pueblos mécontents du gouvernement de Mexico, et tâcher de les entraîner dans son parti en faisant briller à leurs yeux les avantages de l’indépendance qu’il leur offrait ; ensuite, à cause de la position stratégique de la Magdalena, d’inquiéter le général Guerrero et de le tenir en haleine en feignant à la fois des mouvements agressifs sur chacune des trois capitales sonoriennes.

Le général, aussitôt la guerre déclarée, avait fait appel aux populations avec cette pompeuse et verbeuse éloquence mexicaine, qui ne trompe que les