Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/19

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hommes que j’ai tout lieu de supposer ne pas être de mes meilleurs amis.

— Allons, allons, monsieur, un peu plus d’aménité, s’il vous plaît.

— Je ne demande pas mieux ; seulement, cette entrevue, c’est vous qui l’avez désirée ; donc vous devez accepter mes conditions et non pas moi les vôtres.

— À votre aise, don Valentin ; qu’il soit fait selon votre désir. Cependant, la première fois que nous avons traité ensemble, je vous ai trouvé beaucoup plus coulant.

— Je n’en disconviens pas ; venez seul et nous causerons.

L’étranger ordonna d’un geste à ceux qui l’accompagnaient de demeurer où ils se trouvaient et il s’approcha seul.

— À la bonne heure ! fit le chasseur en désarmsûot son rifle, dont il reposa la crosse à terre et sur le canon duquel il s’appuya, les deux mains croisées.

L’homme envers lequel Valentin montrait si peu de confiance, ou, pour parler plus clairement, dont il avait une aussi grande méfiance, n’était autre que le général don Sébastian Guerrero.

— Là, maintenant, vous devez être satisfait ; je vous ai, je crois, donné une grande preuve de condescendance, dit le général en arrivant auprès de lui.

— C’est que probablement vous avez des raisons pour cela, répondit le chasseur d’un air narquois.

— Monsieur ! fit le général avec hauteur.

— Soyons nets et brefs comme des hommes qui