Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle se tenait à demi étendue dans son hamac, la tête soutenue par son bras droit, et regardait pensive sa pantoufle de peau de cygne danser au bout de son pied mignon, qu’elle balançait nonchalamment.

Violanta la camérista, assise à ses pieds sur un équipal, s’occupait à préparer les divers objets de la toilette de sa maîtresse.

Enfin doña Angela secoua sa nonchalante langueur, un sourire glissa sur ses lèvres purpurines.

— Aujourd’hui ! murmura-t-elle en relevant coquettement la tête.

Ce seul mot résumait toutes les pensées de la jeune fille, joie, amour, bonheur, toute sa vie enfin.

Elle retomba dans sa rêverie, se livrant sans s’en apercevoir aux soins délicats et empressés de sa camérista.

Un bruit de pas se fit entendre au dehors, doña Angela releva vivement la tête.

— Quelqu’un vient, dit-elle.

Violanta sortit, mais elle rentra presque aussitôt.

— Eh bien ?

— Don Cornelio demande la permission de dire deux mots à la señorita, répondit la camérista.

La jeune fille fronça les sourcils d’un air ennuyé.

— Que me veut-il encore ? dit-elle.

— Je ne sais.

— Cet homme me déplaît singulièrement.

— Je lui dirai que vous ne pouvez le recevoir.

— Non, reprit-elle vivement, qu’il entre.

— Pourquoi, puisqu’il vous déplaît ?

— Je préfère le voir. Je ne sais pourquoi, mais cet homme me fait presque peur.