Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/209

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— Pourquoi ne s’adresse-t-il pas à don Luis ?

— C’est ce qu’il avait l’intention de faire d’abord.

— Eh bien ?

— Mais, continua don Cornelio, au lever du soleil don Luis a quitté le camp en compagnie de don Valentin, et bien qu’il soit à présent près de midi, il n’est pas de retour encore.

— Ah ! Où donc est allé don Luis d’aussi bonne heure ?

— Je ne pourrais vous le dire, señorita ; tout ce dont je suis sûr, c’est qu’il a pris la direction de la Magdalena.

— Serait-il arrivé quelque chose de nouveau ?

— Rien que je sache, señorita.

Il y eut quelques secondes de silence, doña Angela réfléchissait. Enfin, elle reprit :

— Et vous ne soupçonnez pas ce que ce missionnaire veut me dire, don Cornelio ?

— En aucune façon, señorita.

— Priez-le d’entrer, je serai heureuse de le voir et de causer avec lui.

Violanta, sans donner à don Cornelio le temps de répondre, souleva le rideau qui fermait le jacal.

— Entrez, mon père, dit-elle.

Le missionnaire parut.

Doña Angela le salua respectueusement, et lui désignant un siége du geste :

— Vous désirez me parler, mon père ? dit-elle.

— Oui, mademoiselle, répondit-il en s’inclinant.

— Je suis prête à vous entendre.

Le missionnaire jeta autour de lui un regard que don Cornelio et la camérista comprirent, car ils sortirent aussitôt.