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plan qu’il avait formé pour déjouer la tentative de surprise des Mexicains. Comme nous verrons plus tard se dérouler ce plan, nous n’en dirons rien ici, et nous retournerons auprès du père Séraphin et de doña Angela.


XVII

La Quebrada del Coyote.

C’est surtout le soir, deux heures environ après le coucher du soleil que la nature américaine prend des aspects grandioses.

Sous l’influence des premières ombres de la nuit, les arbres semblent affecter des formes majestueuses, le silence animé de la solitude devient plus mystérieux, et l’homme éprouve, malgré lui, un sentiment de respect indéfinissable qui lui serre le cœur et le remplit d’une crainte superstitieuse.

Alors les eaux des fleuves coulent avec de sourds murmures, le vol lourd et sinistre des oiseaux de nuit agite l’air avec des sifflements de mauvais augure, et les bêtes fauves, réveillées au fond de leurs repaires ignorés, saluent les ténèbres avec de longs hurlements de joie ; car, la nuit ils sont, sans conteste, les rois du désert, puisque la plus grande force de l’homme, la puissance du regard lui est enlevée.

Le père Séraphin cheminait côte à côte avec les jeunes filles sur le versant d’une haute montagne