Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/22

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Le chasseur ne sembla pas s’apercevoir de cette agitation et continua imperturbablement :

— Seulement, vous vous êtes trompé en vous adressant à moi ; je ne suis pas Face-de-Chien, un gaillard avec lequel vous avez fait un bien beau marché dans le temps[1]. J’ai fait le commerce des bestiaux, mais jamais celui de chair humaine : chacun sa spécialité, je vous laisse celle-là.

— Mais enfin, monsieur, s’écria le général dans le paroxysme de la colère, où voulez-vous en venir ? Est-ce donc dans le but de m’insulter que vous avez accepté cette entrevue ?

Valentin haussa les épaules.

— Vous ne le croyez pas, dit-il, cela serait trop niais ; non, je veux vous proposer une affaire.

— Une affaire !

— Ou un marché, si vous l’aimez mieux.

— Et ce marché ?

— Le voici en deux mots : j’ai entre les mains certains papiers qui, s’ils voyaient le jour et étaient remis à certaines personnes, pourraient vous coûter non-seulement votre fortune, mais encore la vie.

— Des papiers ? balbutia don Sébastian.

— Oui, général ; votre correspondance avec certain diplomate nord-américain auquel vous consentez à livrer la Sonora et un ou deux autres États si les États-Unis vous fournissent les moyens de vous emparer de la présidence de la république mexicaine.

— Et vous avez ces papiers ? dit le général avec une anxiété mal contenue.

  1. Voir le Chercheur de Pistes, 1 vol. Amyot, éditeur, 8, rue de la Paix.