Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/220

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passer la nuit dans une pauvre maison qui n’en est éloignée que de deux milles à peine.

— Nous allons, dites-vous, mon père, traverser le défilé del Coyote ; nous sommes donc sur la route d’Hermosillo ?

— En effet, mon enfant.

— N’est-ce pas imprudent à nous de nous aventurer sur cette route, dont les troupes de mon père sont maîtresses ?

— Mon enfant, répondit doucement le missionnaire, en bonne politique il faut souvent oser beaucoup, afin de conquérir une tranquillité plus grande ; non-seulement nous sommes sur la route d’Hermosillo, mais encore c’est dans cette ville même que nous nous rendons.

— Comment ! à Hermosillo ?

— Oui, mon enfant. À mon avis, c’est le seul endroit où vous serez complétement à l’abri des recherches de votre père, qui certes ne s’avisera pas de venir vous y chercher, et qui ne supposera pas que vous vous trouviez aussi près de lui.

— C’est vrai, fit-elle au bout d’un instant de réflexion, ce projet est hardi ; par cela même il doit réussir : je crois en effet que Hermosillo est le seul lieu où je puisse être à l’abri des poursuites de ceux qui ont intérêt à s’emparer de moi.

— J’aurai soin du reste de vous recommander aux personnes auxquelles je vous confierai, et pour plus de sécurité je ne vous quitterai que le moins possible.

— Je vous en aurai la plus grande obligation, mon père, car je me trouverai bien triste et bien seule.