Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/229

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séant ; tout à coup il fut pris d’une convulsion et roula sur le sol.

Il était mort.

Le missionnaire s’agenouilla auprès de lui et pria.

Les assistants, émus malgré eux, se découvrirent pieusement et demeurèrent silencieux à ses côtés.

Tout à coup des cris et des coups de feu se firent entendre, et une troupe nombreuse de cavaliers s’engagea à fond de train dans le défilé.

— Aux armes ! s’écrièrent les assistants en se mettant en selle en toute hâte.

— Arrêtez ! dit Curumilla, ce sont des amis.


XVIII

L’Affût.

Usant de notre privilége de romancier, nous ferons quelques pas en arrière et nous retournerons auprès de don Cornelio, que Valentin avait suivi de l’œil avec tant d’étonnement lorsqu’il l’avait vu sortir du camp d’une façon aussi insolite.

D’abord nous dirons quelques mots de don Cornelio, ce joyeux et insouciant gentilhomme que, dans la première partie de cette histoire, nous avons vu si passionné pour la musique en général et le romance del rey Rodrigo en particulier.

Maintenant don Cornelio était bien changé : il ne chantait plus ; les cordes de sa jarana ne vibraient plus sous ses doigts agiles, un pli profond s’était creusé sur son front, ses joues avaient pâli et ses