Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/231

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pauvre gentilhomme avait vaillamment lutté pour arracher de son cœur cette passion insensée ; malheureusement tous ses efforts furent inutiles, et comme cela arrive toujours en semblable circonstance, oubliant tout ce qu’il devait à don Luis, qui l’avait sauvé non-seulement de la misère, mais encore de la mort, il se prit pour le comte d’une haine sourde d’autant plus tenace qu’elle était muette et concentrée, et par ricochet il déversa la moitié de cette haine sur doña Angela, bien que la jeune fille et le comte, n’eussent été dans toute cette affaire autre chose que les instruments de la fatalité qui s’acharnait après lui.

Alors, avec une patience sans égale et une hypocrisie extrême, don Cornelio prépara sa vengeance contre ces deux êtres, qui ne lui avaient jamais fait que du bien, et guetta avec une perfidie de bête fauve l’occasion de les perdre.

Cette occasion ne devait pas être difficile à trouver dans un pays où la trahison est à l’ordre du jour et forme la base de toutes les combinaisons et de toutes les transactions de quelque sorte qu’elles soient.

Don Cornelio s’était abouché avec les ennemis du comte, leur avait livré les secrets que celui-ci laissait échapper devant lui ; il avait dressé ses batteries de façon à faire tomber ses deux ennemis dans un piége dont ils ne pourraient pas s’échapper, et les enlacer dans des filets dont ils ne parviendraient pas à se délivrer.

Maintenant que nous avons mis le lecteur au courant des sentiments de don Cornelio, nous reprendrons notre récit

L’Espagnol était parvenu à mettre la camérista de