Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/236

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tait la clairière sous les ordres de l’Espagnol et prenait la piste du missionnaire.

Le lecteur sait déjà comment les choses se sont passées dans le défilé, éloigné de deux lieues au plus de l’endroit où se tenaient les bandits en embuscade.

Nous laisserons donc aller don Cornelio pour ne nous occuper que du capitaine Vargas.

— Ma foi, dit à part lui le capitaine, dès que l’Espagnol l’eut quitté, je préfère que les choses se passent ainsi ; il n’y a que des coups à gagner avec ces démons de Français ; au diable ! Maintenant nous voilà tranquilles pour toute la nuit ; dormons.

Le capitaine n’était pas aussi en sûreté qu’il le croyait, et pour lui la nuit ne devait pas être fort tranquille.

En quittant le camp, Valentin avait expliqué à ses compagnons l’expédition qu’ils allaient faire, et leur avait recommandé d’agir à l’indienne, c’est-à-dire par ruse. En entrant dans la forêt sous le couvert de laquelle s’abritait le capitaine Vargas, les Français avaient entendu un bruit de chevaux, et ils avaient vu filer dans les ténèbres, comme une légion de noirs fantômes, les bandits aux ordres de l’Espagnol. Ne voulant pas retarder l’exécution de ses projets et abandonner peut-être la proie pour l’ombre, le chasseur s’était contenté de faire suivre cette troupe par un homme intelligent, afin de savoir ce qu’elle deviendrait, et les Français mettant pied à terre s’étaient glissés dans la forêt, rampant comme des reptiles.

Rien n’était plus facile que de surprendre les Mexicains.

Ceux-ci se croyaient si bien en sûreté qu’ils n’a-