d’aplomb sur le sol, une révolution s’opéra en lui et le courage lui revint.
— Écoutez à votre tour, répondit-il, je serai avec vous aussi franc et aussi brutal que vous l’avez été avec moi ; c’est maintenant entre nous une guerre à mort, sans pitié et sans merci. Dussé-je porter ma tête sur un échafaud, le comte mourra, parce que je le hais et qu’il me faut sa mort pour satisfaire ma vengeance.
— Bien, répondit froidement Valentin.
— Oui, répondit le général en raillant. Allez, je ne vous crains pas ; servez-vous des papiers dont vous m’avez menacé, peu m’importe ; je suis invulnérable, moi.
— Vous croyez ? articula lentement le chasseur.
— Je vous méprise, vous n’êtes que des aventuriers ; jamais vous ne pourrez m’atteindre.
Valentin se pencha vers lui.
— Vous, lui dit-il, c’est possible, mais votre fille ! ! !
Et profitant de la stupéfaction du général, atterré par ces paroles, le chasseur poussa un rire strident et moqueur, et s’élança dans le fourré, où il était impossible de le poursuivre.
— Oh ! murmura le général au bout d’un instant en passant sa main sur son front moite de sueur, oh ! le démon ! ma fille ! a-t-il dit !… ma fille !
Il rejoignit ses compagnons et s’éloigna avec eux sans vouloir répondre à aucune des questions qu’ils lui adressaient.