Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/252

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sque crochet à la troupe, et s’engagea dans un sentier étroit ou les voitures avaient juste l’espace nécessaire pour passer, et toute la compagnie disparut dans les méandres infinis d’une véritable sente de bêtes fauves, dans laquelle il était impossible de supposer qu’une troupe armée, accompagnée de nombreux et lourds wagons et de pièces de canon, oserait jamais s’aventurer.

Cependant, lorsque les premiers obstacles eurent été franchis, ce chemin, qui paraissait si difficile, n’offrit plus de dangers sérieux, et les Français avancèrent rapidement.

Deux jours plus tard ils furent rejoints par les détachements chargés par le comte d’opérer sur les flancs de la colonne, le capitaine de Laville et Valentin avaient complétement réussi à tromper le général, dont les avant-postes continuaient toujours à garder les routes sans se douter qu’ils étaient tournés.

Cette marche dura neuf jours à travers des difficultés sans nombre, dans un terrain de sables mouvants qui fuyait sous les pieds, par une chaleur torride, manquant d’eau et les deux derniers jours n’ayant plus de vivres ni de fourrages ; mais rien ne put abattre le courage des Français, ni altérer leur inépuisable gaîté ; ils avancèrent quand même, les yeux fixés sur leur chef qui marchait à pied devant eux, en les consolant et les encourageant.

Le neuvième jour, vers le soir, ils virent dans le lointain, au milieu d’un épais fouillis d’arbres, se dessiner les contours d’une hacienda considérable.

Cette maison était la première qu’ils apercevaient depuis leur départ de la Magdalena.