Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/264

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Doña Angela demeura froide et immobile sur le seuil de la porte tant qu’elle put entendre les pas des chevaux résonner sur la route ; puis, lorsque tout bruit se fut éteint dans l’éloignement, un sanglot longtemps contenu déchira sa gorge.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria-t-elle avec désespoir, en tendant les mains vers le ciel.

Et elle tomba à la renverse.

Elle était évanouie.

Doña Luz et don Rafaël se précipitèrent à son secours et la transportèrent dans l’hacienda, où ils lui prodiguèrent des soins empressés.

Belhumeur hocha la tête à plusieurs reprises et se prépara à fermer la porte de l’hacienda.

— Pas encore, lui dit une voix, laissez-nous sortir d’abord.

— Hein ! fit-il, où diable voulez-vous donc aller à cette heure, l’Élan-Noir ?

— Ma foi, répondit le chasseur, je suis presque Français, moi, puisque je suis Canadien, je m’en vais donner un coup de main à mes compatriotes.

— Eh ! mais, s’écria Belhumeur, frappé de ces paroles, c’est une idée, cela ! Par Dieu ! vous ne partirez pas seul… je vous accompagne.

— Tant mieux ! alors, nous serons trois,

— Comment trois, qui donc vient encore avec nous ?

— La Tête-d’Aigle, pardieu ! le chef dit qu’il y a là-bas des Indiens ennemis de sa nation auxquels il ne sera pas fâché d’avoir un peu affaire.

— En route alors ! je crois que le comte sera content d’avoir trois combattants comme nous de plus dans sa troupe.

— Pardieu ! fit Belhumeur.