Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/268

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le tenaient les événements, avaient altéré gravement sa santé, et ce n’était qu’à force d’énergie et de volonté qu’il parvenait à dompter la maladie et à se tenir debout. Il comprenait que, s’il faiblissait tout était perdu. Aussi il se roidissait contre la douleur, et bien que la fièvre le dévorât, son visage demeurait calme, et rien ne venait révéler à ses compagnons les souffrances qu’il endurait avec un courage stoïque.

Cependant il se sentit pris tout à coup d’une telle défaillance, que si Valentin, qui avait deviné son état et veillait sur lui comme une mère, ne l’eût pas soutenu dans ses bras, il serait tombé de cheval.

— Qu’as-tu, frère ? lui demanda affectueusement le chasseur.

— Rien, répondit-il, en passant sa main sur son front inondé d’une sueur glacée, la fatigue ; mais, ajouta-t-il, maintenant c’est fini.

— Prends garde, frère, lui dit-il en hochant tristement la tête, tu ne prends pas assez soin de toi.

— Eh ! le puis-je ? Mais sois tranquille, je sais ce qu’il me faut, l’odeur de la poudre me remettra. Regarde ! regarde ! nous sommes enfin au but.

En effet, aux premiers rayons du soleil levant qui montait majestueusement à l’horizon, à une portée de canon environ apparaissait Hermosillo, dont les maisons blanches étincelaient.

Une immense clameur de joie, poussée par la compagnie entière, salua l’apparition tant désirée de la ville.

L’ordre de faire halte fut donné.

La ville était silencieuse ; elle semblait déserte, aucun bruit ne s’élevait de son enceinte ; on aurait