Doña Angela leva la tête au bruit causé par l’approche du chasseur, et poussa un léger cri de joie.
— Vous voilà donc enfin ! s’écria-t-elle, je désespérais de vous voir arriver.
— Peut-être eût-il mieux valu que je ne vinsse pas, répondit-il avec un soupir étouffé.
La jeune fille n’entendit pas ou feignit de ne pas entendre la réponse du chasseur.
— Votre campement est-il loin d’ici ? reprit-elle.
— Avant de nous y rendre, dit le chasseur, il faut que nous causions un peu, señora.
— Qu’avez-vous donc de si intéressant, ou plutôt de si pressé à me dire ?
— Vous allez en juger.
La jeune fille fit le geste de quelqu’un qui se résigne à écouter une chose qu’elle sait d’avance lui devoir être désagréable.
— Parlez, dit-elle.
Le chasseur ne se fit pas répéter deux fois l’invitation.
— Où Curumilla vous a-t-il rencontrée ?
— À l’hacienda, au moment où je montais à cheval pour venir ; je n’attendais que lui pour me mettre en route.
— Il a cherché à vous dissuader de cette démarche ?
— C’est vrai ; moi j’ai voulu absolument venir et je l’ai contraint à me conduire ici.
— Vous avez eu tort, Niña.
— Pour quelle raison ?
— Pour mille.
— Ceci n’est pas répondre ; dites-m’en une.
— Votre père, d’abord.