Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/285

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depuis quatre mois enduraient les plus horribles privations.

Cependant l’état du comte, loin de s’améliorer, empirait au contraire de jour en jour, malgré les soins empressés du docteur et du père Séraphin, qui s’était installé auprès de son lit et ne le quittait pas.

Chez don Luis, le moral tuait le physique. Depuis le départ de don Cornelio, le comte n’avait reçu aucune nouvelle ni de l’Espagnol ni de Valentin. Deux hommes fidèles, expédiés à l’hacienda del Milagro, n’étaient pas revenus, et ni don Rafaël ni doña Angela ne donnaient signe de vie.

Ce silence devenait incompréhensible. D’un autre côté, la situation de la compagnie se faisait à chaque instant plus grave ; le comte, maître d’une ville puissante, se trouvait plus isolé qu’auparavant ; les pueblos qui devaient se soulever ne bougeaient pas ; l’homme, auquel le comte avait écrit et qui s’était engagé à donner le signal de la révolte ne répondait pas à l’appel qui lui était fait et demeurait indifférent aux prières réitérées que lui adressait don Luis.

Malheureusement, la dyssenterie est une de ces affreuses maladies qui annihilent complétement les facultés de l’homme ; pendant un assez long espace de temps le comte fut incapable de s’occuper de rien.

Le señor Pavo était accouru en toute hâte de Guaymas à Hermosillo, en apparence pour féliciter le comte sur son beau fait d’armes, mais en réalité afin de le trahir plus facilement.

Don Luis était seul, sans amis auxquels il pût se fier, couché sur un lit de douleur, intérieurement dévoré d’une inquiétude mortelle et en proie à un