Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/289

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— À quoi bon ? répondit-il avec découragement, c’est à moi seul qu’on en veut ; si c’est un piége qui m’est tendu, eh bien, j’y tomberai seul.

Les aventuriers insistèrent, il fut inébranlable.

— Nous ne nous entendons plus, leur dit-il.

Se retournant alors vers les parlementaires :

— Retournez à Guaymas, messieurs, et veuillez dire au général Guerrero que je le remercie et que j’attends son escorte.

L’escorte arriva en effet au point du jour, et le comte partit après avoir jeté un dernier et triste regard sur ses compagnons, qui assistaient à son départ le cœur serré et les larmes aux yeux.

Désormais le divorce était accompli entre la compagnie et son chef.

Le général Guerrero, à son entrée à Guaymas, fit rendre au comte de Prébois-Crancé les honneurs dus à un général en chef.

Don Luis sourit avec dédain. Que lui importait ce vain appareil !

Le comte et le général eurent entre eux une longue conversation.

Le général n’avait pas renoncé à ses projets de séduction. Comme la première fois, don Luis répondit par un refus positif.

La compagnie était désormais livrée sans défense aux machinations du señor Pavo. Cet homme ne perdit pas de temps ; d’après ses conseils, les aventuriers députèrent vers le comte, avec ordre d’en finir et de traiter coûte que coûte, deux matelots ignorants comme des carpes.

Ces deux émissaires avaient été choisis par le