Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/301

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en Sonora, les routes sont infestées de maraudeurs, dit don Rafaël ; il est bon de prendre certaines précautions.

Le général hocha la tête.

— Fort bien, caballero, reprit-il sèchement ; mais il ne me plaît pas à moi de voir tant d’hommes armés sans motif légal. Jetez vos armes, messieurs.

Les peones regardèrent leur maître : celui-ci se mordit les lèvres, mais il leur fit signe d’obéir.

Toutes les armes furent alors jetées sur le sol.

— J’en suis fâché, don Rafaël, mais je vais laisser une garnison dans votre hacienda. Vous et toutes les personnes qui sont ici, vous êtes mes prisonniers, préparez-vous à me suivre à Guaymas.

— Est-ce ainsi que vous me récompensez de vous avoir introduit dans ma maison ? dit amèrement don Rafaël.

— J’y serais entré de gré ou de force, reprit sévèrement le général, et, maintenant, faites venir ma fille à l’instant.

— Me voici, mon père, dit la jeune fille en apparaissant sur les marches supérieures du perron.

Doña Angela descendit lentement dans la cour, marcha vers son père et s’arrêta à deux pas de lui.

— Que me voulez-vous ? lui dit-elle.

— Vous intimer l’ordre de me suivre, répondit-il sèchement.

— Je ne puis faire autrement que de vous obéir, reprit-elle. Seulement, vous me connaissez, mon père, ma résolution est inébranlable. J’ai entre les mains les moyens de me soustraire à votre tyrannie lorsqu’elle me paraîtra trop lourde à souffrir. Votre conduite réglera la mienne. Maintenant, partons !