Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/314

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à part les protestations sans nombre que le général prodigua au comte, celui-ci ne put rien obtenir, excepté une espèce d’autorisation tacite d’exercer, de concert avec le chef du bataillon, le commandement des volontaires.

Cette autorisation fut du reste plus nuisible qu’utile au comte, car elle indisposa contre lui une grande partie des Français, qui ne voyaient qu’avec peine le nouveau chef que le général prétendait leur imposer.

Depuis huit jours que le comte était à Guaymas, le général ne lui avait pas dit un mot de doña Angela, et il lui avait été impossible de la voir.

Le jour où nous le retrouvons chez don Sebastian, les choses, entre les habitants et les Français, en étaient arrivées à un tel point qu’une répression immédiate était urgente, afin d’arrêter peut-être de grands malheurs. Plusieurs Français avaient été insultés, deux avaient même été poignardés en pleine rue ; les civicos et les habitants proféraient de sourdes menaces contre les volontaires, il y avait dans l’air ce je ne sais quoi qui présage les grandes catastrophes, et que l’on ressent sans qu’il soit possible de l’expliquer.

Le général feignit de ressentir vivement l’insulte faite aux Français ; il promit au comte que bonne et prompte justice serait faite et que les assassins seraient arrêtés.

La vérité était que le général, avant que de frapper le grand coup qu’il méditait, voulait laisser arriver les nombreux renforts qu’il attendait d’Hermosillo afin d’écraser les Français et qu’il ne cherchait qu’à gagner du temps.