Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/321

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Et, par un vigoureux effort, le chasseur entra dans la salle en traînant après lui un homme qui faisait de vains efforts pour se sauver.

— Ferme la porte, Luis, reprit Valentin. Maintenant, mon digne espion, tu vas me montrer ta face de traître, afin que je te reconnaisse.

Valentin s’était hâté d’obéir à son frère de lait.

Curumilla avait quitté le coin où il donnait précédemment, il avait, sans prononcer une parole, entraîné doña Angela derrière une moustiquaire qui la cachait complétement ; puis il avait pris le candil dans sa main et s’était approché de ses amis.

Cependant le prisonnier opposait une résistance désespérée pour empêcher qu’on ne distinguât les traits de son visage ; mais il ne proférait pas une parole, se contentant de pousser de sourdes et indistinctes exclamations de rage.

Enfin, après une lutte assez longue, l’inconnu sembla comprendre que tous ses efforts seraient vains ; il se releva, se débarrassa, de son manteau et croisant les bras sur la poitrine :

— Eh bien, regardez-moi donc, puisque vous y tenez tant, dit-il d’un ton de sarcasme.

— Don Cornelio ! s’écrièrent les Français.

— Moi-même, messieurs. Comment vous êtes-vous portés depuis que je n’ai eu le plaisir de vous voir ? reprit-il avec un aplomb superbe.

— Misérable traître ! s’écria Valentin en s’élançant sur lui.

Le comte l’arrêta.

— Attends, dit-il.

— Je vous ai trahis, c’est vrai, répondit don Cornelio ; après ? C’est que probablement j’avais