Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/35

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moins que leurs précautions fussent bien prises, et qu’ils se crussent enfin sûrs du succès, pour lever ainsi le masque.

D’autant plus que le comte n’avait trouvé à la Mission personne pour lui donner livraison, au nom de la société, des rations préparées, et que les gens qui se jouaient aussi indignement de lui n’avaient même pas daigné affaiblir par un prétexte, quelque mauvais qu’il fût, la trahison dont en ce moment ils se rendaient coupables.

Don Luis prévit, d’après un semblable procédé, que le dénoûment de l’odieuse comédie jouée par les Mexicains approchait, il se prépara à faire bravement tête à l’orage.

Les Français ont une qualité charmante : c’est que partout où ils vont, lorsqu’ils se trouvent réunis en troupe, ils emportent avec eux cette gaieté et cette joyeuse insouciance qui caractérise leur nation, toujours prêts à plaisanter dans les circonstances les plus difficiles, et prenant leur parti avec une grande facilité des désagréments les plus imprévus.

C’était cette heureuse disposition, soigneusement entretenue par le comte, qui avait jusque là sauvegardé la compagnie, et avait empêché, malgré tout, l’expédition de péricliter.

Non-seulement aucun symptôme de découragement ne se laissait voir parmi les hommes, mais encore ils étaient aussi remplis d’ardeur et d’espoir qu’au premier jour.

La Mission fut occupée militairement par la compagnie ; on se trouvait sur la limite du désert et il était bon de commencer à se garder avec soin.

Les canons furent braqués à chaque angle du