Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/45

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se relever et d’où il entendait parfaitement ce qui se disait sur la plate-forme, tout en demeurant invisible.

Malheureusement, le temps qu’il lui avait fallu employer pour gagner son observatoire l’avait empêché d’entendre des choses probablement fort importantes ; au moment où il se remit à écouter, el Buitre parlait.

— Bah ! bah ! disait-il de cet accent railleur qui lui était habituel, je réponds du succès. Si démons que soient les Français, chacun d’eux ne vaut pas deux hommes, que diable ! laisse-moi faire.

— Canarios ! je veux être pendu, si je me mêle en rien à toute cette affaire, je n’en ai que trop fait déjà, répondit le colonel.

— Tu trembles toujours. Comment veux-tu qu’une troupe d’hommes à demi démoralisés, fatigués d’une longue route, puissent résister à l’attaque combinée et surtout bien dirigée des guerriers de mon frère, le chef apache, appuyés par les quatre-vingts drôles que le gouvernement mexicain a mis à ma disposition pour cette expédition ?

— Je ne sais pas comment feront les Français, mais tu reconnaîtras peut-être que ce sont de solides gaillards !

— Tant mieux ! alors nous aurons du plaisir.

— Prends garde d’en avoir trop, fit el Garrucholo en ricanant.

— Va-t-en au diable ! avec tes observations. D’ailleurs, j’en veux à leur chef, tu le sais.

— Bah ! est-ce qu’un homme comme toi en veut à