Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/59

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cela, quant à présent du moins ; j’attends qu’il vous plaise, monsieur, de m’expliquer les intentions de votre gouvernement à mon égard.

— Elles sont bonnes et paternelles, monsieur.

— J’attendrai que vous me les ayez fait connaître pour me prononcer.

— Voici le message que je suis chargé de vous transmettre.

— Ah ! vous avez un message pour moi ?

— Oui.

— Je vous écoute, caballero.

— Ce message est tout paternel.

— J’en suis convaincu ; voyons quelles sont à mon égard les intentions de votre gouvernement.

— Ces intentions, je les aurais voulues meilleures ; mais telles qu’elles sont cependant, je les crois acceptables.

— Veuillez donc me les communiquer, général.

— J’ai voulu venir moi-même, señor conde, afin d’affaiblir, par ma présence, ce que ces propositions auraient de trop amer pour vous.

— Ah ! fit le comte, ce sont des propositions que l’on me fait ; autrement dit, pour être vrai, des conditions que l’on veut m’imposer ; très-bien.

— Oh ! conde, conde, comme vous prenez mal ce que je vous dis !

— Pardonnez-moi, général, vous savez que je ne parle pas fort bien votre belle langue espagnole ; cependant je vous remercie du fond du cœur d’avoir bien voulu accepter la dure mission de me communiquer ces propositions.

Cela fut dit avec un accent de fine raillerie qui décontenança complétement le général.