Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/61

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— Donc, fit le comte, il nous est enjoint…

— Oui, 1o ou de consentir à perdre votre qualité de Français…

— Pardon, dit le comte en posant la main sur le bras du général, un instant, s’il vous plaît ; comme je vois que ce que vous êtes chargé de me communiquer intéresse tous mes compagnons, il est de mon devoir de les faire assister à la lecture de ces propositions ; car vous les avez par écrit, n’est-ce pas ?

— Oui, balbutia le général, qui verdissait.

— Très-bien. Clairons, cria le comte d’une voix haute et impérative, sonnez l’assemblée.

Dix minutes plus tard, la compagnie tout entière était rangée autour de la table où le comte et le général se tenaient.

Don Luis jeta un regard clair autour de lui ; alors il aperçut les officiers mexicains et les dames qui, curieux de savoir ce qui se passait, s’étaient rapprochés, eux aussi.

— Des siéges à ces caballeros et à ces dames, dit-il ; veuillez m’excuser, señoras, si je n’ai pas pour vous tous les égards que vous méritez ; mais je ne suis qu’un pauvre aventurier, et nous nous trouvons dans le désert.

Puis, lorsque chacun eut pris place :

— Donnez-moi la copie de ces propositions, dit le comte au général ; je les lirai moi-même.

Le général obéit machinalement.

— Messieurs et chers compagnons, dit alors don Luis d’une voix brève et saccadée, au fond de laquelle on sentait bouillonner une colère retenue avec peine, lorsque je vous ai enrôlés à San-Francisco, je vous ai montré les actes authentiques qui