Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/66

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instant d’hésitation, il lut ce qui suit d’une voix qui, malgré tous ses efforts, tremblait légèrement :

« Le comte don Luis de Prébois-Crancé et tous les hommes qui lui resteront fidèles seront considérés comme pirates, mis hors la loi, et poursuivis comme tels, jugés par une commission militaire et fusillés dans les vingt-quatre heures. »

— Est-ce tout, monsieur ? demanda froidement le comte.

— Oui, répondit le général en balbutiant.

Sur un signe du comte, les deux papiers, contenant les propositions et la proclamation de mise hors la loi, furent cloués à un tronc d’arbre.

— Maintenant, monsieur, vous avec accompli votre mission, n’est-ce pas ? Vous n’avez plus rien à ajouter ?

— Je regrette, señor conde

— Assez, monsieur ! Si j’étais réellement un pirate, ainsi que vous me qualifiez si bénévolement, il me serait facile de vous retenir, ainsi que toutes les personnes qui vous accompagnent, ce qui me fournirait amplement les moyens de satisfaire ma vengeance ; mais, quoi que vous en disiez, ni moi, ni les hommes que j’ai l’honneur de commander, nous ne sommes des pirates ; vous sortirez d’ici aussi libre que vous y êtes venu. Seulement, je crois que vous ferez bien de ne pas retarder votre départ.

Le général ne se fit pas répéter l’invitation. Depuis deux heures, il avait vu plusieurs fois la mort de trop près, du moins il le supposait, pour désirer, prolonger son séjour au camp, il donna immédiatement les ordres nécessaires pour le départ.

En ce moment doña Angela sortant tout à coup du groupe de femmes au milieu duquel elle était jus-