Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/69

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mes abandonnés à eux-mêmes, sans secours et sans protection possible, à plus de six mille lieues de leur pays, ils se livrèrent avec toute la folle imagination aventurière qu’ils possédaient aux rêves les plus insensés, discutant gravement entre eux les plans les plus inouïs et les plus téméraires, sans même supposer, dans leur candide naïveté flibustière, que même le plus extravagant de ces rêves fût impossible à réaliser.

Louis ne voulut pas laisser refroidir l’ardeur de ses volontaires. Après s’être consulté avec ses officiers, auxquels il soumit ses projets, projets que ceux-ci acceptèrent avec enthousiasme, d’après le conseil de Valentin, il ordonna une assemblée générale de la compagnie.

Aussitôt les clairons sonnèrent et les aventuriers vinrent se grouper autour du quartier général.

— Messieurs, dit le comte, vous voyez dans quelle position nous a placés le manque de foi des autorités mexicaines à notre égard ; cette position est loin, à mon avis, d’être désespérée. Cependant, je ne dois pas vous cacher qu’elle est fort grave, et que, d’après certains renseignements que je tiens de bonne source, elle menace de le devenir encore davantage. Deux partis s’offrent à nous pour en sortir : le premier est de nous diriger, à marches forcées, sur Guaymas, de nous emparer d’un navire, et de nous embarquer avant que nos ennemis aient eu la pensée de s’opposer à notre départ.

Un long murmure de mécontentement accueillit ces paroles.

— Messieurs, continua le comte, il était de mon devoir de vous soumettre cette proposition, vous la