Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/81

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— À notre tour, compagnons ! s’écria-t-il en dégaînant sa longue épée. Ouvrant alors la barrière, il se jeta résolûment dans la mêlée, suivi par sa troupe, qui se précipita sur ses pas avec des cris de joie.

Chose qui rarement arrive dans une rencontre avec les Indiens, ceux-ci étaient pris entre deux feux et contraints de combattre à découvert.

Cependant ils ne se découragèrent pas ; la valeur des Indiens passe toute croyance. Ceux-ci se voyant cernés, résolurent de tomber bravement plutôt que de se rendre, et quoiqu’ils fussent moins bien armés que leurs ennemis, ils n’en reçurent pas moins résolûment leur choc.

Mais les Peaux-Rouges n’avaient pas cette fois affaire à des Mexicains ; ils ne tardèrent pas à s’en apercevoir. Le choc des Français fut irrésistible ; ils passèrent comme un ouragan sur les Peaux-Rouges, qui malgré leur résolution, furent contraints de plier.

Mais la fuite était impossible : rappelés par la voix de leurs chefs, qui tout en combattant vaillamment de leur personne ne cessaient de les exciter à redoubler d’efforts, ils revinrent au combat.

Alors la lutte prit les proportions gigantesques d’un carnage horrible ; ce n’était plus une bataille, c’était une boucherie où chacun cherchait à tuer, se souciant peu de succomber pourvu qu’il entraînât son ennemi dans sa chute.

Valentin, dont la plus grande partie de l’existence s’était passée dans le désert, et qui souvent avait eu des rencontres avec les Indiens, ne les avait jamais vus montrer une si grande animosité et surtout