Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un jaguar pendant le combat ; mais il se fait antilope après la victoire ; les paroles que soufflent sa poitrine lui sont inspirées par le Grand-Esprit, le Wacondah l’aime ; ma nation avait été trompée par les Yoris, le Cœur-Fort est généreux, il a pardonné, il y aura désormais amitié entre les Apaches et les guerriers du Cœur-Fort.

Les Peaux-Rouges, suivant leur habitude, avaient avec cette poésie qui les distingue, donné à don Luis le nom de Cœur-Fort.

Il y eut après ce discours de l’Indien, qui était un chef célèbre, et se nommait le Bison-Blanc, un échange de bons procédés entre les aventuriers et les Apaches.

Leurs chevaux et leurs armes leur furent rendus et les rangs s’ouvrirent pour leur livrer passage.

Lorsqu’ils eurent disparu dans la forêt, el Buitre fit faire volte-face à ses cavaliers, et s’éloigna à son tour.

Don Luis eut un instant la pensée de rappeler cet auxiliaire qui, pendant le combat, lui avait été si utile, mais Valentin s’y opposa.

— Laisse partir ces hommes, frère, lui dit-il, tu ne dois ostensiblement avoir aucun rapport avec eux.

Don Luis n’insista pas.

— Maintenant, reprit Valentin, terminons ce que nous avons si bien commencé.

— C’est juste, répondit le comte.

L’ordre fut aussitôt donné d’enterrer les cadavres et de panser les blessés.

Les Français avaient éprouvé des pertes sérieuses ; ils avaient eu dix hommes tués et vingt et quelques blessés ; il est vrai que la plupart de ces blessures