Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/94

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pable faiblesse ; ils ne pouvaient se relever qu’à force d’audace et d’énergie, en terrifiant leurs ennemis et les contraignant à traiter avec eux.

Le comte se rassit.

— Don Cornelio, dit-il, donnez lecture à l’accusé des charges qui s’élèvent contre lui.

L’Espagnol se leva alors et commença un long réquisitoire contre le colonel, réquisitoire appuyé de nombreuses lettres écrites par don Francisco ou reçues par lui de plusieurs personnes, notamment du général Guerrero, d’où la trahison du colonel ressortait claire et sans excuse possible. Don Cornelio termina en rapportant l’entrevue de la veille entre don Francisco, el Buitre et le chef apache.

Les aventuriers avaient écouté cette longue énumération de crimes et de félonies dans le plus profond silence et le calme le plus parfait.

Lorsque don Cornelio eut terminé, le comte s’adressa au colonel.

— Reconnaissez-vous la vérité des faits avancés contre vous ?

Le bandit releva la tête, son parti était pris, il haussa les épaules avec dédain.

— À quoi bon nier ? dit-il, tout cela est vrai.

— Ainsi, vous avouez nous avoir trahis depuis le premier moment que vous nous avez rencontrés ?

— Canarios ! fit-il avec un sourire railleur, vous vous trompez, señor conde, je vous trahissais même avant de vous connaître.

À cette cynique déclaration, les assistants ne purent réprimer un mouvement d’horreur.

— Ce que je vous dis vous étonne ? reprit audacieusement le bandit ; pourquoi donc cela ? Je trouve,