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L’ÉCLAIREUR.

Quelques minutes plus tard ils se remettaient en route.

— Il faut nous séparer, fit don Miguel, lorsqu’ils eurent traversé la forêt dans toute sa longueur, je retourne à Tubac.

— Moi, je vais tâcher de rendre un petit service à un chef indien de mes amis.

— Toujours vous songez aux autres et jamais à vous, mon brave Bon-Affût ; toujours vous êtes occupé à être utile à quelqu’un.

— Que voulez-vous, don Miguel, il paraît que c’est ma mission ; vous savez que chacun a la sienne sur la terre.

— Oui, répondit le jeune homme d’une voix sourde. Allons, adieu, ajouta-t-il au bout d’un instant, n’oubliez pas notre rendez-vous.

— Soyez tranquille, dans quinze jours, au gué del Rubio, c’est convenu.

— Pardonnez-moi mes réticences pendant les quelques jours que nous avons passés ensemble ; ce secret n’est pas à moi seul, Bon-Affût ; je ne suis pas le maître de le divulguer, même à un ami aussi éprouvé que vous.

— Gardez votre secret, mon ami, je ne suis nullement curieux de le connaître ; seulement il est bien entendu que nous ne nous connaissons point, n’est-ce pas.

— Oui, ceci est fort important.

— Allons, adieu.

— Adieu.

Les deux cavaliers se serrèrent la main, l’un tourna à droite, l’autre à gauche, et ils s’éloignèrent à toute bride, chacun dans une direction opposée.



XI.

Le gué del Rubio.


La nuit était sombre, pas une étoile ne brillait au ciel ; le vent soufflait avec force à travers les épaisses ramures