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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/178

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L’ÉCLAIREUR.

rer de l’état où il se trouve : cet homme est mon frère, et, quelques grands que soient ses torts envers moi, je ne voudrais pas le voir mourir sans secours.

— Peut-être cela vaudrait-il mieux, murmura Bermudez.

Don Mariano lui jeta un regard mécontent et se pencha sur le blessé.

Celui-ci était toujours évanoui. L’Églantine lui prodiguait ces soins délicats et intelligents dont les femmes de toutes les couleurs et de toutes les nations ont le secret, sans cependant parvenir à le rappeler à la vie.

— Croyez-moi, seigneurie, insista Bermudez, éloignez-vous.

Don Mariano jeta un dernier regard sur son frère et sembla hésiter un instant ; puis, se détournant avec effort.

— Allons ! dit-il.

Le visage du vieux domestique rayonna.

— Je vous recommande cet homme, fit encore don Mariano en s’adressant à Ruperto ; ayez pour lui tous les soins que réclame son état et que l’humanité exige.

Le chasseur s’inclina sans répondre. Le gentilhomme mexicain fit quelques pas pour se rapprocher de son cheval, qui, avec ceux de ses compagnons, était attaché à un jeune ébénier. Ce n’était qu’à regret que don Mariano s’éloignait ; une voix secrète semblait l’avertir d’attendre.

Au moment où il mettait le pied à l’étrier, une main se posa sur son épaule ; il se retourna.

Un homme était devant lui ; cet homme était l’Aigle-Volant.

Le chef avait laissé les blancs s’occuper du soin de transporter les blessés ; avec cet instinct particulier à sa race, il avait visité, lui, avec le plus grand soin le lieu de l’embuscade et tous les endroits où les hasards de la lutte avaient conduit les combattants. Son but, en agissant ainsi,