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L’ÉCLAIREUR.

Miguel, quittèrent leur rang, mirent pied à terre et s’approchèrent du blessé. Celui-ci fit un effort sur lui-même et parvint à se mettre debout ; les chasseurs le prirent par-dessous les bras et le conduisirent en présence du tribunal.

Don Stefano se redressa, croisa les bras sur la poitrine, et, jetant un regard sardonique aux hommes devant lesquels on l’avait amené :

— Oh ! oh ! dit-il avec un accent railleur en s’adressant à don Miguel, c’est donc vous, caballero, qui êtes mon accusateur ?

Le capitaine haussa imperceptiblement les épaules.

— Non, répondit-il, je ne suis pas votre accusateur, je suis votre juge.



XIX.

Face à Face.


Après ces paroles, il y eut un moment d’attente, presque d’hésitation. Un silence de plomb semblait planer sur la forêt.

Don Stefano le premier surmonta l’impression de terreur qui, malgré lui, se glissait dans son âme.

— Eh bien, dit-il avec un regard méprisant et une voix claire et incisive, puisque ce n’est pas vous, où donc est-il, cet accusateur ? Se cacherait-il, à présent que l’heure est arrivée ? Reculerait-il devant la responsabilité qu’il a assumée ? Qu’il paraisse, je l’attends.

Don Miguel secoua la tête.

— Peut-être lorsqu’il paraîtra, trouverez-vous qu’il est venu trop tôt, répondit-il.