— Mon frère se sent mieux, répondit-il avec sollicitude.
— Je me sens aussi bien maintenant que si rien ne m’était arrivé.
— Ooah ! mon frère se vengera de son ennemi alors.
— Rapportez-vous-en à moi pour cela, le traître ne m’échappera pas, aussi vrai que mon nom est Balle-Franche, répondit énergiquement le chasseur.
— Bon ! mon frère tuera son ennemi, et il suspendra sa chevelure à l’entrée de son wigwam.
— Non, non, chef, cette vengeance peut convenir à un Peau-Rouge, mais ce n’est pas celle d’un homme de ma race et de ma couleur.
— Que fera donc mon frère ?
Le chasseur sourit finement, puis au bout de quelques instants, il reprit la conversation, mais sans répondre à la demande de l’Indien.
— Depuis combien de temps me trouvé-je ici ? dit-il.
— Une heure environ.
— Pas davantage ?
— Non.
— Dieu soit loué ! mon assassin ne peut être loin encore.
— Och, une mauvaise conscience est un puissant aiguillon, observa sentencieusement l’Indien,
— C’est juste.
— Que veut faire mon frère ?
— Je ne sais encore ; la position est des plus délicates pour moi, reprit Balle-Franche d’un air pensif ; poussé par mon cœur et le souvenir d’un service rendu il y a longtemps déjà, j’ai commis une action qui peut être interprétée de plusieurs façons différentes ; je reconnais maintenant que j’ai eu tort ; cependant je vous avoue, Peau-Rouge, que je ne me soucie nullement d’être en butte aux reproches de