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L’ÉCLAIREUR.

mieux le pittoresque costume mexicain, plus hombre de a caballo et réunissant au même degré que lui ces avantages extérieurs qui charment les femmes et entraînent le vulgaire. Cependant, pour un observateur, don Miguel avait une trop grande profondeur dans l’œil, un froncement trop rude du sourcil et un sourire trop faux et trop perfide pour que, sous ces dehors séduisants, cet homme ne cachât pas une âme atrophiée et des instincts mauvais.

Un repas de chasseur assaisonné par l’appétit n’est jamais long ; celui-ci fut promptement expédié.

— Là, fit le capitaine en s’essuyant les doigts avec une touffe d’herbe ; maintenant une cigarette afin de faciliter la digestion, puis j’aurai l’honneur de vous souhaiter le bonsoir ; vous n’avez pas, sans doute, l’intention de nous quitter avant le point du jour.

— Je ne saurais vous le dire, cela dépendra un peu du temps qu’il fera cette nuit ; je suis assez pressé, et vous le savez, caballero, ainsi que le disent si justement les Gringos, nos voisins, le temps est de l’argent.

— Mieux que moi, caballero, vous savez ce que vous avez à faire ; agissez à votre guise, seulement, avant que je me retire, veuillez agréer mes souhaits de bonne nuit et de bonne réussite dans vos projets.

— Je vous remercie, caballero.

— Un dernier mot, ou plutôt une dernière question avant de nous séparer.

— Faites.

— Il est bien entendu que, si cette question vous paraît indiscrète, vous êtes parfaitement libre de ne pas y répondre.

— Cela m’étonnerait de la part d’un cabellero aussi accompli, veuillez donc vous expliquer.

— Je me nomme don Miguel Ortega.

— Et moi don Stefano Cohecho.