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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/287

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L’ÉCLAIREUR.

blions pas ; ne négligeons donc aucune précaution ; Ruperto, qui est un vieux chasseur de bisons, prendra, sauf votre bon plaisir, don Miguel, le commandement de cette troupe, et il se rendra à Amaxtlan[1].

— Oh ! je connais bien l’endroit, interrompit Ruperto, j’y ai souvent chassé le castor et la loutre.

— Voilà qui est bien, reprit Bon-Affût ; maintenant, quoi qu’il arrive, nous devons nous trouver tous au lieu du rendez-vous, d’aujourd’hui en un mois, à moins d’un empêchement grave, et, dans ce cas, le détachement qui manquerait expédierait un émissaire à Ruperto, afin de l’instruire de la cause de son retard ; est-ce convenu ?

— Oui, répondirent les assistants.

— Mais, ajouta don Miguel, vous ne partez pas seul avec don Mariano, je suppose ?

— Non, je prends encore Domingo, que, pour certaines raisons à moi connues, je ne suis pas fâché d’avoir constamment sous la main ; les deux domestiques de don Mariano me suivront aussi, ils sont braves, dévoués ; je n’ai pas besoin de plus de monde.

— C’est bien peu, observa don Miguel.

Le vieux chasseur eut un sourire d’une expression indéfinissable.

— Moins nous serons, mieux cela vaudra, dit-il, pour l’entreprise périlleuse que nous tentons ; notre petite troupe passera invisible où une plus nombreuse serait arrêtée ; rapportez-vous-en à moi.

— Je n’ai plus qu’un mot à ajouter.

— Dites.

— Réussissez !

Le Canadien sourit encore, mais cette fois avec une expression de tendre pitié.

  1. D’Aman, endroit où une rivière se divise en plusieurs branches.